La rénovation énergétique soulève une problématique plus large pour la copropriété, celle du changement. En effet, la copropriété possède par définition toutes les caractéristiques d’une organisation réticente au changement, or la rénovation énergétique représente une innovation. Depuis la création du statut des copropriétés, pendant les Trente Glorieuse, elles n’ont jamais été confrontées à une injonction de changement de si grande ampleur. Cette dernière questionne en profondeur le fonctionnement habituel des copropriétés, qui est adapté à la gestion courante mais pas à des projets complexes.
La rénovation énergétique d’une copropriété est un projet de longue durée : entre 3 et 6 ans. Une phase préparatoire, comme un audit, donne un temps de maturation aux copropriétaires sur le sujet des économies d’énergie. La phase de projet, dites aussi de MOE, s’avère souvent plus longue que prévue. Elle peut révéler des surprises et il faut se donner le temps de faire les bons choix. Après le vote, ce n’est pas fini, car vient la phase des travaux, suivie par celle de l’appropriation des nouveaux équipements.
Dans cette complexité, trois clés peuvent permettre à une copropriété d’insuffler un fonctionnement efficace pour réussir son projet de rénovation énergétique.
Clé n°1 : il est préférable d'être dans la peau d'un marathonien que dans celle d'un sprinter
Inutile de se précipiter, mieux vaut conserver un bon rythme pour ne pas s’épuiser. Les choix techniques de rénovation ne correspondent pas à un modèle uniforme, chaque copropriété rénove en quelque sorte à sa manière.
Même si le plus avantageux est de réaliser l’ensemble des travaux énergétiques en une fois, beaucoup de copropriétés préfèrent procéder par étape et de façon progressive. L’important est alors de s’inscrire en cohérence avec une trajectoire Bâtiment Basse Consommation (BBC) sur le long terme.
Clé n°2 : à chaque copropriété, son projet singulier
Au sein d’un même immeuble, il y a une certaine homogénéité sociale, mais il reste toujours des inégalités en termes de ressources économiques et de capacité à s’approprier le projet. Il faut donc que chaque copropriété parvienne à construire un projet adapté à ses propres particularités, et en ligne avec ses objectifs de réduction de consommation d’énergie.
Par ailleurs, une rénovation n’est pas toujours uniquement énergétique, les copropriétaires peuvent profiter de l’occasion pour inclure des améliorations fonctionnelles, voire esthétiques. Cette approche dite « patrimoniale » permet de rendre la rénovation plus attractive à condition de rester dans un budget raisonnable.
Clé n°3 : une rénovation énergétique en copropriété est un projet négocié
Dans les rénovations réussies, l’état d’esprit a été de construire un projet rassembleur. Autrement dit, un projet acceptable par le plus grand nombre, même s’il n’est pas idéal pour chacun. Il faut notamment trouver un compromis entre l’ambition énergétique qui donne accès à des subventions, et les attentes ou possibilités des copropriétaires.
Derrière la conception technico-économique de la rénovation, se joue également un processus politique interne tout aussi important. Il s’agit de construire progressivement la confiance des copropriétaires dans le projet. Chaque étape du projet constitue une mise à l’épreuve car elle remet en jeu la légitimité des acteurs qui le portent, professionnel comme copropriétaire.
Ecrit par Aimé de la Villejégu